Sur un marché de l’assurance maritime volatil, la sinistralité s’accroît, provenant de risques classiques, tels que les incendies, comme de nouveaux risques, tels que les cyber-attaques mais aussi de facteurs tels que l’augmentation de la taille des navires, les irrégularités de déclaration ou la dangerosité des cargaisons, la hausse des dépenses d’avarie commune et les difficultés croissantes de la subrogation. Dans ce contexte, l’équipe d’indemnisation doit jouer à l’unisson, explique son nouveau « chef d’orchestre » en assurance maritime, Régis Broudin.
Régis Broudin: Nous ne pouvons pas dire que les sinistres et les demandes d’indemnisation sont plus nombreux dans les conditions actuelles du marché de l’assurance maritime. De manière générale, les sinistres dans notre portefeuille ont les mêmes causes, mais il est évident que leur volatilité est plus importante, quand les primes ne sont pas au plus haut. L’enjeu est d’influer positivement sur le ratio combiné de sinistralité tout en continuant à réduire les coûts et les délais d’indemnisation. Un dialogue ouvert avec nos clients et des mesures proactives à l’égard de nos parties prenantes nous permettent de réduire les pertes. Mais nous devons aussi redoubler d’efforts pour améliorer le recouvrement auprès des tiers responsables. Nous avons des équipes d’indemnisation dynamiques, qui travaillent en étroite collaboration avec leurs collègues souscripteurs, pour servir notre clientèle et gérer notre portefeuille.
Régis Broudin: Les sinistres majeurs dus aux incendies sur les navires sont préoccupants. Les récents événements causés par des incendies sur de grands porte-conteneurs comme le Maersk Honam, le Yantian Express et l’APL Vancouver, ont mis en évidence l’importance des pertes dues à l’incendie, liées aux dommages matériels ou, dans la majorité des cas, aux dépenses élevées d’avarie commune. Dans le cas du Maersk Honam et du Yantian Express, la taille du navire et la complexité des opérations de lutte contre l’incendie ont sensiblement augmenté les coûts de sauvetage et les dépenses d’avarie commune. Ces grands porte-conteneurs nécessitent des remorqueurs spécialisés et des ports de refuge d’une capacité importante, qui ne sont pas faciles à trouver en raison de leur taille. Ces conditions accroissent les coûts des opérations de sauvetage. Il est également évident que la taille et la capacité des porte-conteneurs augmentent le risque de fausse déclaration des cargaisons et, par conséquent, le risque de pertes. Dans un avenir très proche, des outils numériques de suivi des conteneurs pourraient apporter une solution à ce problème.    
Régis Broudin: Nous n’avons pas constaté de demandes d’indemnisation spécifiques pour des incidents cyber, mais il est probable que les cyber-attaques seront un élément de plus en plus important des demandes d’indemnisation pour dommages matériels en assurance maritime. Le risque cyber est un sujet de préoccupation car le transport maritime fait toujours plus appel aux solutions technologiques. Les incidents cyber récents, comme celui de Maersk en 2017, ont fait prendre conscience aux acteurs du secteur que les mesures de cyber-sécurité et les plans de continuité étaient essentiels. Les systèmes de transport maritime exigeant une plus grande connectivité avec les ports, le nombre de navires exposés au piratage augmentera et, par là même, le risque d’échouement ou de collision.
Régis Broudin: Mon rôle est un peu celui d’un chef d’orchestre : nous avons les meilleurs musiciens du monde et leur chef d’orchestre doit leur donner le tempo, harmoniser l’expertise en matière d’indemnisation entre tous les bureaux de notre réseau mondial, et leur faire jouer la même partition. Le travail d’équipe à l’international est essentiel à notre réussite. Nous avons la capacité de nous rendre sur les lieux d’un sinistre partout dans le monde, car nous disposons d’experts en indemnisation, d’avocats et autres spécialistes sur le terrain. Comme nous l’avons vu récemment dans l’affaire du cargo Golden Ray, qui s’est échoué au large de la Géorgie (États-Unis) en septembre, le contrat d’assurance corps et machines a été souscrit dans nos bureaux de Corée du Sud, mais le sinistre s’étant produit dans le port de Brunswick, c’est notre équipe américaine qui a apporté son aide immédiate. Cet aspect essentiel de notre modèle de service nous permet de diminuer les délais d’intervention, de partager les bonnes pratiques, de réduire les pertes, d’accélérer les opérations de sauvetage et d’améliorer le recouvrement par subrogation. Autre avantage essentiel, nous pouvons transmettre aux collègues souscripteurs l’expérience acquise et des conseils pour mettre toutes les chances de notre côté. Enfin, en détectant de nouveaux talents, notamment en tant que parrain de notre Marine Claims Academy, je peux garder une équipe soudée, offrant le meilleur service aux assurés et contribuant à la rentabilité de notre activité d’assurance maritime.
Régis Broudin
Basé à Paris, Régis Broudin est directeur mondial de l’indemnisation en assurance maritime chez AGCS. Il a rejoint l’entreprise en 2014, en tant que directeur régional de l’indemnisation en assurance maritime pour la région Méditerranée (France, Espagne, Italie, Belgique et Pays-Bas). Auparavant, il était responsable de l’indemnisation en assurance maritime chez AXA Corporate Solutions.
Keep up to date on all news and insights from Allianz Commercial
This article is part of the our Global Risk Dialogue. Appearing twice a year, Global Risk Dialogue is the Allianz Global Corporate & Specialty magazine with news and expert insights from the world of corporate risk.